Comment les Organismes de Formation et les CFA peuvent prendre soin de la santé mentale de leurs apprenants Les Réponses de notre conseillère Anaïs Ledda-Parent

Comment les Organismes de formation et les CFA peuvent prendre soin de la santé mentale de leurs apprenants ?

Les réponses de notre conseillère Anaïs Ledda-Parent

QUESTION 1 : Quels sont les problèmes inhérents à la santé mentale ?

ANAIS LEDDA-PARENT : Une bonne santé mentale ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La manifestation d’un trouble est beaucoup plus complexe que cela. Elle peut déjà s’exprimer différemment d’un individu à l’autre et pour le même individu se manifester différemment selon les périodes de sa vie. Parmi les symptômes, on peut signaler une volonté d’isolement, un mal-être généralisé et irraisonné ou des troubles plus ou moins envahissants. J’aimerais juste nuancer une chose, sur l’absence de fatalité entre santé mentale et troubles psychiques. Certains contextes peuvent effectivement augmenter la prévalence, mais nous ne sommes pas sur un lien de causalité. 

QUESTION 2 : Une personne souffrant d’un problème de santé mentale peut-elle se retrouver en situation de handicap ? Si oui, dans quelles circonstances ?

A L-PUne santé mentale dégradée pourrait devenir une situation de handicap, à partir du moment où l’individu ne parvient pas à surmonter cette période de souffrances, dans un environnement donné. Donc à partir du moment où elle perdure dans le temps, avec un impact sur la vie sociale, professionnelle et affective, l’affectation est telle qu’elle sclérose complètement l’individu dans sa problématique.

QUESTION 3 : Comment les Organismes de formation peuvent-ils promouvoir la santé mentale au sein de leurs établissements ?

A L-P : Les OF et les CFA ont évidemment tout intérêt à s’engager dans la prévention de la santé mentale de leurs apprenants. La meilleure façon, c’est avant tout de faire preuve de bon sens : se montrer à l’écoute, tendre la main, rendre le lieu d’apprentissage plus sain mentalement pour tous. Plus précisément, il s’agit par exemple d’identifier une personne (le référent handicap ou autre) auprès de laquelle l’apprenant en mal-être peut facilement se confier et demander de l’aide lorsqu’il en a besoin et créer ainsi un climat de confiance. Il est possible aussi d’effectuer des aménagements raisonnables qui peuvent répondre aux besoins de tous : possibilité d’aménager les horaires et les rythmes ; favoriser la cohésion de groupe et l’esprit d’équipe pour éviter tout risque d’isolement ; s’interroger sur l’organisation des épreuves et l’évaluation des apprenants pour réduire le stress, … Et enfin sensibiliser régulièrement à la santé mentale pour lever les préjugés et faire du lieu d’apprentissage un endroit exempt de discriminations.

QUESTION 4 : Comment soutenir un apprenant qui a un trouble de santé mentale ?

A L-P : Parler de sa santé mentale est évidemment intimidant. Si un apprenant désire parler de son mal-être à un référent ou un autre acteur de la formation, la première chose à faire est de lui consacrer du temps et un lieu qui conviennent à tous les deux et de pratiquer l’écoute active. A la fin de l’échange, si la personne perçoit que la situation dépasse le cadre de la formation, et que les éventuelles adaptations et aménagements qui ont pu être mis en place ne suffisent pas, 3 moyens d’actions peuvent être enclenchés  :

1 – conseiller à votre apprenant de parler à un proche et/ou un professionnel de santé
2 – l’orienter vers une structure ou une association pour être accompagné
3 – vous assurer de sa sécurité (surtout s’il évoque des idées noires, voire suicidaires et qu’un passage à l’acte n’est pas à exclure) : si un doute persiste, appelez le 15 ou le 112.

Il existe aussi une structure mise en place par le CHU de Lille, avec un numéro vert 3114, Derrière le téléphone et le tchat, 24h/24, 7j/7, des professionnels spécifiquement formés assureront des missions d’écoute, d’évaluation, d’orientation et d’intervention. Voici le lien : https://www.chu-lille.fr/actualite/mise-en-place-dun-numero-national-de-prevention-du-suicide