Conseils à adopter face à une situation de handicap psychique par Viviane Marchal, Psychologue du travail

Une fiche outil en 10 points clés pour adopter les grands principes à mettre en œuvre pour une intégration réussie d’un stagiaire concerné par un trouble psychique en formation.​

1) Accueillir la personne de manière rassurante

Prévoyez un temps d’accueil pour préparer ce temps de formation. Prévenez la personne (+ son aidant éventuel) suffisamment à l’avance. Choisissez un temps et un lieu appropriés, au calme.

2) Ecouter activement

Posez des questions ouvertes (De quoi auriez-vous besoin pour vous sentir tout à fait bien au cours de cette formation ?). Evitez de la recevoir de manière froide et impersonnelle, derrière un écran d’ordinateur. Montrez-vous au contraire pleinement à l’écoute de ce que la personne dit, pour comprendre ses peurs éventuelles et identifier ses besoins. Parlez d’une voix calme, posée, avec respect. Ne vous montrez ni impatient.e, ni agacé.e, ni brusque.

3) Comprendre sans juger

Evitez absolument de minimiser ou de tourner en ridicule ce qui lui ferait peur (évitez par exemple de dire d’un ton paternaliste « ça va bien se passer »). Ne l’infantilisez pas en lui parlant de manière trop simpliste ou moralisatrice. La personne porteuse de handicap psychique est avant tout une personne avec des droits, une liberté de décision, une sensibilité, qui percevra très bien si vous ne la traitez pas d’égal à égal. Ne projetez pas vos propres représentations sur la situation de la personne (par exemple en estimant qu’une personne souffrant de dépression devrait « se secouer un peu », « se ressaisir » ou « prendre sur elle »). Ne faites ou dites jamais quoi que ce soit qui puisse susciter chez elle un sentiment de honte.

4) Evaluer ses besoins spécifiques

Une personne porteuse de handicap psychique peut, soit en raison de sa pathologie soit du fait des traitements médicamenteux qu’elle est amenée à prendre, subir différents troubles qui perturbent l’apprentissage : troubles de l’attention, de la mémoire, de la régulation des comportements, anxiété sociale, troubles sensitifs ou moteurs… Il convient de demander à la personne si elle souhaite parler de ses troubles et si oui, quelles sont les mesures appropriées. Par exemple, dire à une personne souffrant d’un trouble anxieux qu’elle pourra sortir de la pièce quand elle le souhaitera pourra lui permettre de réguler elle-même son comportement. Soutenez en toute occasion le droit de la personne à prendre des décisions pour elle-même, dans le respect de ses croyances et de sa culture.

5) Rassurer, réconforter

Une fois que la personne a senti qu’elle était écoutée, il est plus facile de la réconforter et de l’informer. Si toutefois elle est dans l’émotion à ce moment-là, elle ne pourra pas prendre en compte et retenir les informations que vous lui donnez. Dans ce cas, mieux vaut ne pas insister, mais plutôt lui dire que vous comprenez, la rassurer sur le fait que vous serez là pour lui redire les choses si besoin, et lui remettre des brochures explicatives qu’elle lira plus tard, ainsi que des n° d’appel en cas de besoin.

6) Encourager la personne à poser toutes les questions qui lui viennent

Il n’y a pas de questions idiotes, ni ridicules, si cela peut permettre à la personne de se sentir acceptée et en sécurité. Par exemple, savoir si les fenêtres de la salle de formation peuvent s’ouvrir ou non peut être important en cas de stress post-traumatique ou de troubles phobiques. Connaître à l’avance l’heure du repas (voire le menu) peut être important pour une personne souffrant de troubles du spectre autistique.

7) Renseigner sur les ressources à disposition, offrir une aide pratique

Expliquez votre rôle dans son parcours et donnez les numéros d’appel en cas de besoin.

8) Être à l’écoute de ses propres ressentis

Si vous vous sentez vous-même épuisé, ébranlé ou frustré après avoir apporté cette écoute et cette aide, vous pourriez avoir besoin d’un temps pour souffler. Anticipez-le en planifiant une pause après cet entretien d’accueil. Peut-être aurez-vous à digérer les émotions et réactions que vous avez mises de côté durant ce temps d’échange. Vous pouvez trouver une personne (proche, collègue) à qui en parler, toutefois sans transgresser le droit à la vie privée de la personne concernée. Dans ce cas, ne communiquez ni le nom de la personne ni aucun détail permettant de l’identifier. Vous pourriez aussi avoir besoin de vous ressourcer quelques minutes dans une activité que vous appréciez (marcher, écouter de la musique, penser à vos prochaines vacances…)

9) Sensibiliser l’intervenant.e

Le formateur sera mieux préparé à réagir si vous le sensibilisez à la situation de la personne et aux différentes mesures à prendre en cas de troubles. Expliquez-lui quoi observer : un changement d’attitude, une agitation ou au contraire une prostration, un langage confus, des regards apeurés ou fuyants, une agressivité ou une tristesse soudaines… Il faut savoir proposer une pause, pour permettre à la personne (et au groupe) de retrouver son calme et de revenir plus apaisé. Encouragez le formateur à aller vers la personne pour lui demander s’il pourrait faire quelque chose pour qu’elle se sente mieux. Si le formateur se montre lui-même anxieux à l’idée d’accueillir la personne en formation, proposez-lui de suivre une formation (Premiers Secours en Santé Mentale par exemple)

10) Vous former

Le programme Premiers Secours en Santé Mentale (https://pssmfrance.fr/etre-secouriste/) s’adresse aussi à vous si vous souhaitez travailler sur vos représentations, sur vos peurs et apprendre les bonnes attitudes à avoir. Il vous aidera dans vos missions de référent en vous donnant des clés de compréhension et des outils pratiques pour lutter contre la stigmatisation et permettre l’inclusion des personnes porteuses de handicap psychique.