Le Handicap Psychique : 8 Questions/8 Réponses pour mieux le connaitre

1) Le Handicap psychique, ça se voit ?

Et non ! Comme 80% des handicaps, le handicap psychique est invisible.
Et c’est ce qui peut rendre la reconnaissance difficile et les incompréhensions nombreuses, dans la société, au travail, en formation. En effet, les troubles psychiques sont l’objet d’une forte stigmatisation.

Pourtant, selon L’OMS, les troubles psychiques sont au 3ème rang, des maladies les plus fréquentes après le cancer et les maladies cardiovasculaires. Et la crise du Covid en générant de l’anxiété et du stress, a eu un impact conséquent sur la santé mentale des populations.

Il est donc important de comprendre et de s’informer sur cette typologie de handicap fréquente et répandue.

2) Handicap psychique, mental ou cognitif ? Quelles différences ?

Il est facile de les confondre, parce qu’ils touchent à notre cerveau et abordent des notions proches.

A la différence du handicap psychique, le handicap mental impacte les capacités intellectuelles de la personne. Le développement intellectuel étant altéré, peut renvoyer à un quotient intellectuel inférieur à la moyenne, affectant l’ensemble des fonctions cognitives : difficultés de réflexion, de conceptualisation, de communication, de décision.
Ex : Trisomie 21, X fragile…

Le handicap cognitif se traduit par une altération des processus cérébraux permettant d’acquérir et de traiter des informations (difficultés à agir, apprendre, s’adapter)
Ex : troubles du déficit de l’attention, troubles DYS, hyperactivité, troubles du spectre autistique, …

Dans le cas du handicap psychique, les capacités intellectuelles sont préservées mais elles peuvent parfois être altérées selon l’état émotionnel de la personne, ou encore un traitement. Ex : dépression, addictions, …

3) Handicap psychique ou maladie psychique ?

La maladie psychique suit un processus, qui commence le plus souvent par la manifestation d’une souffrance. C’est une difficulté de santé mentale qui vient perturber l’état d’équilibre dans lequel la personne jusqu’à présent, se réalise, vit sa vie, surmonte les difficultés et s’épanouie.

La maladie psychique peut affecter le quotidien personnel et professionnel de la personne : troubles du sommeil, de l’humeur, alimentaires ; difficultés d’adaptation, …

Le handicap psychique résulte de l’interaction entre les conséquences de la maladie psychique (facteurs intrapersonnels) et les facteurs environnementaux (professionnels, sociétaux, …) ; la maladie peut être durable ou non et peut avoir des répercussions importantes sur de nombreux aspects de la vie professionnelle et privée de la personne : limitation d’activités, désocialisation

4) Quand la maladie psychique devient une situation de handicap ?

Les maladies psychiques et leur traitement peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie des personnes, qui se caractérisent par des difficultés cognitives, relationnelles et comportementales.

Lorsque la maladie dure plusieurs mois, voire plusieurs années et a notamment des retentissements importants sur la vie professionnelle, elle peut être reconnue comme situation de handicap et donner lieu à une Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH).

Un aménagement de la situation de travail de la personne peut être envisagé :

  • Aménagement des horaires de travail
  • Mise en place d’un tutorat
  • Réorganisation du travail
  • Evolution des pratiques managériales

5) Le handicap psychique, faut-il en parler ?

Les troubles psychiques touchent des millions de personnes en France et sont pourtant encore mal connus. Ils suscitent la peur, le silence ; génèrent préjugés et idées reçues. Ils sont soit atténués et considérés comme des troubles mineurs et passagers « il suffit de prendre sur soi pour aller mieux » ; soit à l’opposé ils sont associés à la folie et inquiètent.

Alors, bien sûr, en parler, élever les consciences, informer, travailler à identifier les facteurs de fragilisation, faire de la prévention, peut améliorer l’accompagnement et la prise en charge des personnes.

Pour permettre à un apprenant concerné par le handicap psychique de suivre une formation adaptée à ses besoins, il faut commencer par comprendre le handicap psychique.

6) Quelles sont les 4 grandes familles de troubles psychiques ?

  • La schizophrénie et les troubles psychotiques : Ils se traduisent par des hallucinations et des délires dont la personne malade n’a pas conscience. Contrairement aux idées reçues, le schizophrène ne se prend pas pour un autre, mais il perçoit la réalité d’une manière très différente de ceux qui l’entourent.
  • Les troubles anxieux regroupent des troubles divers :
  1. Les phobies, c’est-à-dire les peurs intenses, irraisonnées déclenchées par un objet, un animal ou une situation
  2. Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) qui se traduisent par exemple par une obsession de la saleté, conduisant certaines personnes à se laver les mains plusieurs centaines de fois par jour
  • Les troubles de l’humeur dont les plus fréquents sont :
  1. Les troubles bipolaires « autrefois appelés maladie maniaco-dépressive » qui se caractérisent par des phases d’hyperactivité, avec des comportements excessifs auxquelles succèdent des phases de très grande dépression
  2. Les troubles dépressifs majeurs qui provoquent une tristesse intense et une douleur morale. La personne est extrêmement pessimiste, se dévalorise, culpabilise etc.
  • Les troubles de la personnalité concernent les personnes qui adoptent des conduites « déviantes » par rapport à ce qui est attendu dans la vie courante. C’est le cas par exemple des personnes paranoïaques qui font preuve de suspicions irrationnelles et d’une incapacité à croire les autres.

Au-delà de ces catégories, il existe différentes formes d’un même trouble et des degrés de sévérité très variables.

7) Quelles difficultés peuvent rencontrer en formation et dans l’emploi les personnes en situation de handicap psychique ?

Comme vu précédemment les troubles psychiques peuvent se traduire par des changements marqués de la personnalité, une anxiété extrême, des débordements émotionnels, une perte d’intérêt à l’égard de ses activités…

Au travail ou dans le cadre d’une formation, la personne aura tendance à s’isoler, d’autant plus si elle se sent stigmatisée et mise à l’écart. Elle peut donner l’impression d’être ailleurs, de fonctionner au ralenti. Ses capacités intellectuelles demeurent souvent intactes mais peuvent être plus difficilement mobilisables par la personne à certains moments, et sa capacité d’organisation remise en cause. Son sens de la réalité, pouvant générer de fausses croyances, est altéré. La prise de conscience de ces difficultés peut entrainer un sentiment de culpabilité et/ou de dévalorisation de soi.

8) Quelles aides et solutions pour compenser le handicap psychique en formation ?

Par manque d’information et de compréhension du handicap psychique, il est souvent difficile de sécuriser le parcours d’un apprenant en situation de handicap psychique.

La première action à enclencher est donc de sensibiliser en interne (Référent Handicap, équipe pédagogique, apprenants, …) au handicap psychique : sa définition, ses origines ; ses symptômes et conséquences ; la diversité des situations individuelles ; quels comportements adopter.

Ensuite, il convient d’établir une relation de confiance avec le ou les apprenants concernés par un handicap psychique : être à l’écoute ; rester bienveillant ; mettre en place des conditions de travail adaptées ; maintenir des échanges réguliers.

Il est possible aussi de s’appuyer sur les structures et dispositifs dédiés : solliciter différents acteurs externes (médecin traitant, psychiatre, service d’accompagnement médico-social, …) ;  être en contact avec la famille – mobiliser si besoins des PAS (Prestations d’Appuis Spécifiques) ; bénéficier de conseils (appui de la Ressource Handicap Formation) et éventuellement d’aides financières.